- atelierphilippemadec (Paris & Rennes), architecture
- Acanthe (Guillaune Geoffroy Dechaume) & Mutabilis, landscaping
- Créatime, scenography
- I2C Ingénierie, general surveyors
- ECSB (Gaëtan Genès), wooden structures
- TRIBU, environmental consultancy
- lagraph., visual identity and signposting
Town of Mayenne
Net Area: 2,053 m² of which 1,015 m² in the extension | Cost: €3,242,205 plus applicable taxes
Construire un musée archéologique au cœur même de sa pièce muséographique principale : le château lui-même, est un événement unique. D’autant plus rare qu’il s’agit, ici à Mayenne, de l’édifice civil carolingien le mieux conservé en Europe.
La création du musée archéologique au château de Mayenne consiste en l’aménagement muséographique du logis et la construction d’une extension dans sa cour haute, comprenant l’accueil du public, une boutique, des salles de consultation, de préparation à la visite et d’animation pour l’organisation d’ateliers pédagogiques. Les fouilles n’y ayant pas été achevées, la structure de l’ajout contemporain, démontable, ne s’appuie pas sur le rempart périphérique et ses fondations évitent les vestiges.
L’impensable concurrence avec la puissance du château déclenche un projet d’essence archéologique, au sens où il inscrit volontairement sa strate dans le palimpseste, le recouvrement des époques et des styles. Accroître cette épaisseur, en marquer l’originalité mène à une architecture qui pose les bases d’un dialogue franc avec le patrimoine. Parce qu’elle ne rogne pas la majesté du château par un quelconque pastiche, elle en affirme la grandeur et la force historiques.
Le caractère unitaire du site : rempart, logis, douves, châtelet et sol, assoie sa présence millénaire, toute minérale, de pierre, granit, ardoise et sable. Pour en garantir la lisibilité par différence, par déférence, le bois s’est imposé comme le matériau idéal de l’extension contemporaine. La pierre dit la durée, le pesant dans la gravité de l’histoire. Le bois apporte une strate légère au-dessus des siècles de pierre, à la fois référence à la toute première bâtisse, affirmation du statut de dépendance au service du logis, et choix par précaution d’un système constructif délicat, démontable.
Dans le logis, l’intervention contemporaine se réduit à quelques lambris de chêne, un revêtement de sol en terre cuite et planche de chêne qui intègre l’infrastructure scénographique, et à l’ouverture de trémies qui ouvrent la verticale de la tour carolingienne. Dans la hauteur du sous-sol, la pierre et le sable reviennent vers les fouilles protégées sous un jardin de simples, d’inspiration médiévale.
Ce projet prend garde au passé des ancêtres, il fait aussi attention à l’avenir des générations futures et leur donne une architecture amicale pour la planète. Au moment du concours, la demande de développement durable n’était pas formulée ; mais le projet a d’emblée été conçu selon les critères de la haute qualité environnementale et la recherche de performance énergétique. Quel matériau est plus naturel et renouvelable que le bois ? Qui plus est de filière locale ? Ce musée est construit en chêne (structure, menuiserie, parquets, lambris intérieurs, et caillebotis extérieurs). Seule la sur-toiture est en pin sylvestre à cœur, unique bois dont le pH n’attaque pas le cuivre du revêtement de toiture. Lumière naturelle abondante, plafond en plâtre, appareillage électrique basse consommation, produits et procédés respectant l’environnement en nourrissent l’éco-construction. Le projet répond au niveau de performance BBC réhabilitation, avec l’accent porté sur le confort d’été. Sur-toiture faisant office d’ombrière, ventilation naturelle traversante, puits canadien, utilisation de l‘inertie des remparts apportent à l’extension un confort de vie ressenti.