architecture : atelierphilippemadec & atelier Fayçal Sentissi (Casablanca) _ archéologie : Jean-Pierre Raynal _ environnement : Tribu Conseil (Alain Bornarel) _ Structure : c&e structure (Jean-marc Weill) _ programmation : CPO les m2 heureux (Domonique Ingold) _ Paysage : groupe Signes (Alain Cousseran)
maître d'ouvrage : Groupe Alliances & Sindibad Beach Resort & Sindi Park puis Ville de Casablanca
Dans la partie Nord de la carrière de Sidi Abderrahmane fut découverte en 1955 la grotte des Littorines qui a livré des restes fragmentaires de l’homme de Sidi Abderrahmane (atlanthropus mauritanicus). La grotte des Ours fut mise à jour entre 1992 et 1995 et laissa apparaître des vestiges datés à la période des Acheuléen.
Pour protéger ce site fragile et pour en exposer les caractéristiques exceptionnelles, sur le lieu où furent trouvés les plus anciens ossements d’Afrique du Nord, ceux du plus ancien Marocain, un Musée de la Civilisation sera réalisé dans la partie la plus resserrée de la carrière. Grand plan horizontal recouvert de marbre blanc, le Musée vient recouvrir un sol qui restera en sable de mine. Un contraste magnifique naît alors entre ce plan blanc et les falaises de la carrière qui, une fois nettoyées, resteront brutes. Cette toiture, qui mettra à l’abri les fouilles et les collections, est portée par des murs de pierre, de la pierre même de la carrière. Des chemins de bois flottent au-dessus du sol et guide le visiteur d’un lieu de fouille vers une vitrine puis une autre. Des ouvertures accompagnent la lumière naturelle vers le sol, et des volumes en verre recouverts de moucharabiehs de bois descendent aussi la lumière vers le sol. La toiture est accessible pour la promenade ; une rampe permet de traverser le musée sans y entrer vraiment, tout en passant par l’espace même du musée. Si au Nord une fermeture par grille est envisagée, au Sud c’est un bassin et ses passerelles qui permettent de contrôler l’accès et de fermer le musée la nuit. Hormis ces volumes de verre qui accueillent les bureaux, salles de réunions, boutiques et autres lieux nécessitant d’être clos, le Musée est traversé par le souffle de l’air.
Pour la conception de la couverture accessible du musée nous avons privilégié la réalisation d’éléments préfabriqués en béton armé afin de réduire les nuisances de chantier. La solution choisie pour la réalisation des planchers est la préfabrication de poutres profilées en béton armé (voûtains porteurs) permettant de franchir une portée d’une dizaine de mètres. La courbure de poutres profilées permet de limiter l’épaisseur de béton mise en oeuvre à 8cm et de compléter l’épaisseur du plancher par la mise en oeuvre d’un remplissage en sable sur lequel est posée une dalle en marbre. Le choix du matériau est contextuel et local. Le matériau possède une inertie thermique naturelle augmentée par la surface courbe qui majore la surface de contact avec le milieu extérieur. La solution de planchers profilés en voiles minces est choisie strictement en fonction de son efficacité au regard de sa position dans le projet. L’épaisseur de 8cm permet d’utiliser la capacité de stockage thermique par l’inertie du matériau tant pour la chaleur diurne que pour la fraicheur nocturne. La géométrie courbe du voutain (150cm d’ouverture, et 45cm de flèche) rend disponible une surface d’échange avec l’air augmentant l’efficacité thermique du dispositif.
Les poutres profilées en béton armé sont des structures dites à résistance de forme et ont comme caractéristique d’avoir une raideur transversale et longitudinale importante. Leur courbure permet de franchir de grandes portées avec une faible utilisation de matière. La préfabrication permet d’optimiser la courbure selon la portée en minimisant la variation de quantité de matière mise en oeuvre. Aujourd’hui les techniques de préfabrication, de cintrage de moule associée à la mise en oeuvre d’une forme simple et répétitive permettent de reconsidérer ce dispositif, performant tant d’un point de vue technique que thermique. Le poids de chaque voutain varie selon la portée de 2700 à 3600 kg. Ces valeurs sont semblables à des planchers précontraints préfabriqués en dalle horizontale de 1,20 mètre de largeur. L’usage de cette technologie ne génère, par conséquent, pas de mise en oeuvre plus ouvrageuse sur chantier.
Ce projet lauréat d'une consultation internationale fut l'objet d'un changement de maître d'ouvrage du groupe Alliances & associés vers la ville de Casablanca et le ministère de la Culture. Une nouvelle consultation a eu lieu.